Léon XIII (l’âme d’un peuple)

La religion seule, peut créer le lien social ; que seule elle suffit à maintenir sur de solides fondements la paix d’une nation. Quand diverses familles, sans renoncer aux droits et aux devoirs de la société domestique, s’unissent sous l’inspiration de la nature, pour se constituer membres d’une autre famille plus vaste, appelée la société civile, leur but n’est pas seulement d’y trouver le moyen de pourvoir à leur bien-être matériel, mais surtout d’y puiser le bienfait de leur perfectionnement moral. Autrement la société s’élèverait peu au-dessus d’une agrégation d’êtres sans raison, dont toute la vie est dans la satisfaction des instincts sensuels. Il y a plus: sans ce perfectionnement moral, difficilement on démontrerait que la société civile, loin de devenir pour l’homme, en tant qu’homme, un avantage, ne tournerait pas à son détriment.

Dans les catholiques français, le sentiment religieux doit être encore plus profond et plus universel, puisqu’ils ont le bonheur d’appartenir à la vraie religion. Si, en effet, les croyances religieuses furent, toujours et partout, données comme base à la moralité des actions humaines et à l’existence de toute société bien ordonnée, il est évident que la religion catholique, par le fait même qu’elle est la vraie Église de Jésus-Christ, possède plus que toute autre l’efficacité voulue pour bien régler la vie, dans la société comme dans l’individu. En faut-il un éclatant exemple ? La France elle-même le fournit. — À mesure qu’elle progressait dans la foi chrétienne, on la voyait monter graduellement à cette grandeur morale qu’elle atteignit, comme puissance politique et militaire. C’est qu’à la générosité naturelle de son cœur, la charité chrétienne était venue ajouter une abondante source de nouvelles énergies; c’est que Son activité merveilleuse avait rencontré, tout à la fois comme aiguillon, lumière directive et garantie de constance, cette foi chrétienne qui, par la main de la France, traça dans les annales du genre humain des pages si glorieuses. Et, encore aujourd’hui, sa foi ne continue-t-elle pas d’ajouter aux gloires passées de nouvelles gloires ? On la voit, inépuisable de génie et de ressources, multiplier sur son propre sol les œuvres de charité ; on l’admire partant pour les pays lointains où, par son or, par les labeurs de ses missionnaires, au prix même de leur sang, elle propage d’un même coup le renom de la France et les bienfaits de la religion catholique. Renoncer à de telles gloires, aucun Français, quelles que soient par ailleurs ses convictions, ne l’oserait; ce serait renier la patrie. (Encyclique, au milieu des sollicitudes)

La République a osé !

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