G Bernanos

« Je crois que le malheur des Français est de ne plus oser être Français. Ils ont commencé au XVIe siècle par être Grecs et Romains, au XVIIe ils se sont travaillés pour fournir au monde civilisé un type d’homme universel, dans le genre des assommants héros raciniens. La Révolution leur a donné un moment l’illusion d’être délivrés des cuistres et des bourgeois (c’est dans ce sens que Mgr le comte de Chambord écrivait jadis : Ensemble et quand vous voudrez, nous reprendrons  le grand mouvement de 89). Mais, fomentée par les cuistres, la Révolution est tombée entre les mains de la bourgeoisie, après avoir été exécutée par quelques milliers de sacristains sanglants. Est-ce que nous recommencerons toujours ? Je comprends qu’on soit dégoûté des grands mots, des mots à majuscule. Mais c’est vrai qu’il y a de grands mots, et les grands mots s’écrivent avec une majuscule. Le ridicule n’est que de les employer à tort, d’en décorer des choses de rien. […] Moi je vous dis que le monde est las des Patries qui mentent comme des chiennes, et des États dont la signature, au bas d’un traité ou d’un billet de banque, ne vaut pas plus qu’un pet de lapin. Nous ne sommes plus  ni craints, ni honorés ».

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